A partir de 1945, Avranches comme tant d'autres villes touchées par les bombardements, connait une période de travaux qui durera environ 20 ans : la Reconstruction. De nouvelles rues apparaissent, des quartiers entiers sont reconstruits. On transforme, on agrandit, on modernise, mais en conservant à la ville son caractère architectural, son attention à la mémoire, au patrimoine et aux panoramas.
La Reconstruction c'est aussi un formidable mouvement d'entraide, de solidarité internationale, une organisation de soutien aux sinistrés dans une situation d'urgence, car beaucoup d’habitants sont alors privés de logement.
A partir de nombreux documents d'archives, photographies et collections, l'exposition, pensée spécialement pour le jeune public, orientera le regard vers ce patrimoine qui nous entoure au quotidien et qui mérite notre attention.
Le 7 juin et le 31 juillet 1944, de violents bombardements ont détruit une partie d’Avranches : 1 500 immeubles sont endommagés dont 425 totalement détruits. Des dommages qui jetèrent hors d’Avranches plus de 5 500 sinistrés. Seul un millier de personnes continua de résider dans les immeubles encore habitables. À partir de 1945, Avranches connaît une période de travaux qui durera environ 20 ans : la Reconstruction.
Quand tout est rasé, que les limites des parcelles et le tracé des rues sont effacés, comment fait-on ? Tout en évaluant les conséquences matérielles, il est aussi essentiel de répondre à l’urgence pour les sinistrés : logements provisoires, vêtements, nourriture. Cette période historique d’Avranches fut un formidable mouvement d’entraide et de solidarité internationale.
De nouvelles rues apparaissent, des quartiers entiers sont reconstruits. On transforme, on agrandit, on concilie le nouveau bâti avec l’existant préservé. Ce qui fait la particularité de la Reconstruction à Avranches, c’est le souci porté à son caractère architectural, à la mémoire, au patrimoine et aux panoramas. Autour des monuments épargnés, et surtout du Jardin des Plantes, célèbre belvédère sur la baie du Mont Saint-Michel, les architectes préservent les points de vue et le fleurissement en créant des jardinières sur les façades des maisons.
La reconstruction d’Avranches intègre des éléments de modernité (lumière, espace, confort) mais avec un langage architectural empruntant au néo-roman, au néo-classique ou au régionalisme.
L’exposition oriente le regard vers ce patrimoine qui nous entoure au quotidien, grâce à des dispositifs conçus pour le jeune public. Court métrage, station d’écoute, jeu de construction d’un quartier permettent aux petits et aux grands d’explorer les années 1950 à 1970 de manière ludique.
Aux dramatiques pertes humaines de la guerre, s’ajoutent les conséquences matérielles des bombardements. Avant toute indemnisation ou reconstruction, il est nécessaire de les évaluer. Un formidable mouvement d’entraide, national et international, se met en place pour loger, nourrir, habiller les sinistrés. À Avranches, elle se cristallise autour de la figure de Victor Bindel, maire et président de l’antenne locale de l’Entr’aide française. Toute une organisation se met en place pour les enfants. Savez-vous qu’une Goutte de Lait a existé à Avranches ? Cet organisme se chargeait de collecter, stériliser et distribuer du lait pour les nourrissons; il était installé au centre médico-social rue Saint-Saturnin. Quant aux plus grands, pas de rentrée pour eux en septembre 1944 : les écoles sont presque toutes détruites, endommagées ou privées de mobilier.
À situation exceptionnelle, organisation millimétrée ! La Reconstruction est un enjeu national, des procédures sont instaurées pour organiser les travaux et les indemnisations. Créé en octobre 1944, le Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme est représenté dans chaque département par une délégation dont la mission est l’approbation et le contrôle des plans de reconstruction et d’aménagement (PRA) du bâti détruit par fait de guerre. Elle gère les passations de marchés après les appels d’offres, les crédits affectés aux réparations d’urgence, ainsi que l'établissement de cités provisoires de baraquements pour loger les populations sinistrées.
L’ampleur des destructions est l’occasion de concevoir des villes modernes, facilitant la circulation notamment, et des logements dotés des éléments de confort et d’hygiène. Le PRA (Plan de reprise d'Activité) est établi à Avranches par Henri Delaage, architecte en chef du ministère de la Reconstruction et de l'urbanisme, agréé pour la Manche ; un dispositif de médiation permet au sein de l'exposition de comprendre les évolutions entre le plan de 1946, celui modifié de 1947, et les travaux réellement réalisés.
G. Villette, président de la chambre de commerce de Granville, 21 avril 1947
Du béton oui, mais à Avranches surtout du granit ! Ce qui fait la particularité de la ville reconstruite, c’est le souci de son intégration au bâti existant, l’attention aux panoramas, aux enjeux patrimoniaux et touristiques. La reconstruction d’Avranches intègre des éléments de modernité (lumière, espace, confort) mais avec un langage architectural empruntant au néo-roman, au néo-classique ou au régionalisme.
Contrairement à l’idée véhiculée à tort, la Reconstruction n’a pas produit que des immeubles et grands ensembles, mais aussi des maisons de ville, des pavillons, dotés d’éléments caractéristiques et singuliers.
Une place est créée à l’est de la ville, au carrefour de plusieurs rues, et est entièrement tournée vers l’imposant monument consacré au Général Patton et ses troupes. Un projet colossal, né d’une collecte de fonds, inauguré en 1954.
La place Patton, avec son monument, incarne à elle seule l’image de la ville d’Avranches reconstruite. Il symbolise la reconnaissance de la population envers ses libérateurs : l’armée américaine et en particulier le général Patton. Ce monument porte également en lui la perspective d’une attraction touristique, comme une étape incontournable pour les voyageurs. Sa conception et sa réalisation ont pris environ 7 ans. Si ce monument apparaît aujourd’hui colossal, le projet de départ l’était encore plus. En 1949, Léon Jozeau-Marigné, maire d'Avranches, parvient à convaincre le président de la République, Vincent Auriol, d’accepter la présidence d’honneur du comité d’érection du monument Patton. Composé de personnalités locales, il se réunit de la fin décembre 1948 à juin 1954. En 1948, le comité propose trois emplacements pour le monument :
1) le carrefour entre le boulevard Foch et la rue de la Constitution (retenu)
2) l’emplacement « du V en Pontaubault »
3) l’un des virages de la côte des « M », ayant une vue sur le Mont-Saint-Michel.
Le projet initial voulait faire venir des États-Unis 10 tonnes de terre et un arbre mature pour chaque état américain. L’objectif est alors de permettre à la dépouille d’un soldat inconnu de la 3e armée (enterré à Saint-James) de reposer, lors de son transfert futur sous le monument Patton, sur le sol américain. Ce désir illusoire est très rapidement revu à la baisse, ce sont finalement un sachet de terre par état américain qui seront disposés à l’intérieur du monument. On évoque l’idée de placer un buste de Patton, mais l’opération semble trop complexe et trop coûteuse. Le comité désigne Delaage, assisté d’André Cheftel, comme architecte ; son projet est validé à l’unanimité le 4 mars 1949.
Le financement du projet explique également son évolution. En effet, l’État aide financièrement à la reconstruction de rues et d’immeubles, le monument ne rentre pas dans les critères mis en place par le MRU. De plus, le comité souhaite qu’il n’y ait pas d’amalgame entre les financements de la reconstruction des logements et de ce projet. Par conséquent, une grande campagne est lancée pour son financement, considérant que le monument reflète la libération de la Manche, par conséquent, de la Normandie et, par extension, de la France et de ses colonies. À ce titre, tous les départements, villes et localités doivent se sentir concernés. Ainsi, dans un premier temps, le comité organise un dossier publicitaire bilingue, envoyé aux États-Unis pour lever des fonds, puis sollicite les départements et les colonies françaises. Le 30 juillet 1954, le monument Patton est inauguré, célébrant ainsi les 10 ans de la Libération. Une cérémonie d’une grande envergure s’organise à Avranches, avec des invités importants : les consuls d’Angleterre, de Belgique, du Luxembourg, du Canada, de Norvège. Les festivités ont lieu tout le week-end.
Très tôt, la Reconstruction est vue aussi comme un outil de valorisation touristique. Autour de ses monuments non détruits, et surtout de son célèbre jardin des plantes, véritable panorama sur la baie du Mont-Saint-Michel, les constructions prennent en compte les questions de préservation des points de vue, de fleurissement avec la création de jardinières aux façades des maisons et avec l’extension du jardin des plantes.
Parallèlement au relogement, la vie économique reprend peu à peu : après les baraquements, les commerces s’installent dans de nouveaux locaux, des salles de sport sont créées, un cinéma est construit.
En 1944, l’école des garçons et le cours ménager situés boulevard de l’Ouest sont sinistrés. L’école de filles, vétuste et exigüe, est endommagée. En 1949, le principe d’un regroupement est décidé. La nouvelle école sera financée par les dommages de guerre de l’école de garçons et du cours ménager, une subvention de l’État et un apport de la Ville. Le premier avant-projet de l’architecte communal André Cheftel date d’avril 1950. L’architecte est agréé par le ministère de l’Éducation nationale en octobre. Le permis de construire est accordé en août 1952. Les écoles primaires filles et garçons sont construites en 1955-1956. La deuxième tranche des travaux (cours complémentaire de filles) a lieu de 1956 à 1959. Un second dortoir est aménagé dans les combles en 1958-1960. À partir de 1960, l’architecte Louis Cornille réalise une école maternelle de l’autre côté de la rue de Verdun et un bâtiment supplémentaire de classes rue du Général Patton.
Réalisé par l’architecte de la ville, André Cheftel, l’école Pierre-Mendès-France est représentative de l’effort quantitatif et qualitatif réalisé par les pouvoirs publics à l’occasion de la Reconstruction en matière de bâtiments scolaires. Son implantation urbaine, sa proximité du terrain de sports municipal, sa desserte aisée, répondent à l’idéal de la Reconstruction en matière de constructions scolaires, ainsi que le regroupement d’entités autrefois séparées. Une autre caractéristique notable est le surdimensionnement des espaces. Ceci a permis une évolution rapide, dont témoigne la transformation des combles du cours complémentaire en dortoirs.
Malgré sa taille relativement modeste, l’école est rendue très monumentale par l’utilisation du relief et du programme. Implantée en recul d’alignement sur sa parcelle, l’école primaire bénéficie sur la rue des Écoles d’un large parvis qui la magnifie et permet d’en embrasser toute la largeur. La monumentalisation est aussi due à la surélévation et à la terrasse qui la précède. Le bâtiment de la rue des Écoles où sont concentrés les services et les logements de fonction donne l’impression d’un édifice imposant, alors que les ailes des classes sont bien plus modestes. De son côté, l’aile du cours complémentaire impressionne par la répétition identique des baies tout au long de la façade, unifiées par un encadrement horizontal continu qui en accentue la longueur.
L’expression architecturale est issue de la combinaison des trois courants majeurs de la reconstruction :
> AVRIL À SEPTEMBRE : du mardi au dimanche : 10h – 13h, 14h – 18h / dernière entrée à 17h.
> OCTOBRE À MARS : du mardi au samedi, 14h – 18h / dernière entrée à 17h.
> FERMÉ le 1er mai, 1er novembre et le 25 décembre.
> TARIF EXPOSITION SEULE : 3€
> PLEIN TARIF : 9€> PLEIN TARIF : 9€
> TARIF RÉDUIT (sous conditions) : 5€
> GRATUIT POUR LES MOINS DE 18 ANS et chaque premier dimanche du mois, d’avril à septembre
Choisie pour illustrer la nouvelle exposition temporaire, la photographie du bas de la rue de la Constitution reconstruite a été prise par Henri Salesse le 1er août 1959. Photographe autodidacte, celui-ci travailla de 1945 à 1977 pour ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU) comme « vérificateur technique de la construction en qualification de photographe ». Mais si ses prises de vue replacent les transformations du territoire français dans leur contexte socio-économique, avec un souci documentaire, elles n’en sont pas moins remarquables par leur esthétique. Henri Salesse immortalise les chantiers, mais aussi les intérieurs, les habitants dans des décors délabrés, les jardins domestiques, les lieux de vie comme les cafés ou les lavoirs. Les milliers de clichés qu’il a réalisés dans l’anonymat d’un emploi fonctionnaire, témoignent d’une sensibilité attentive aux milieux populaires urbains. Le fonds rassemblant ces images extraordinaires a été redécouvert durant la fin des années 2000, après le décès du photographe qui ignore donc tout de l’engouement que ce travail suscite aujourd’hui.
A partir de 1945, Avranches comme tant d'autres villes touchées par les bombardements, connait une période de travaux qui durera environ 20 ans : la Reconstruction. De nouvelles rues apparaissent, des quartiers entiers sont reconstruits. On transforme, on agrandit, on modernise, mais en conservant à la ville son caractère architectural, son attention à la mémoire, au patrimoine et aux panoramas.
La Reconstruction c'est aussi un formidable mouvement d'entraide, de solidarité internationale, une organisation de soutien aux sinistrés dans une situation d'urgence, car beaucoup d’habitants sont alors privés de logement.
A partir de nombreux documents d'archives, photographies et collections, l'exposition, pensée spécialement pour le jeune public, orientera le regard vers ce patrimoine qui nous entoure au quotidien et qui mérite notre attention.
Comment la Reconstruction se passe-t-elle à Avranches ?
Comment la population vit ces bouleversements ?
Que reste-t-il aujourd’hui le patrimoine de la Reconstruction ?